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Posté par Philippe Bernigaud le 27/11/2009

Objectif rentabilité

Pour la seconde fois de sa carrière, l'élevage de Philippe Bernigaud à Digoin obtient le trophée régional des Sabots d'argent. Depuis plusieurs années, cet élevage se maintient au plus niveau génétique. Explications.

Il y a une dizaine de jours, le trophée des Sabots d'argent était remis à Philippe Bernigaud, éleveur charolais à Digoin. Ce trophée récompense l'élevage bourguignon qui a obtenu les meilleures performances mesurées en ferme par Bovins croissance la saison passée (lire Exploitant agricole du 9 octobre dernier en page 6). Ce titre, Philippe Bernigaud l'a déjà obtenu il y a quelques années, de même qu'un troisième prix dans le challenge national Upra. Depuis le milieu des années 2000, son élevage se maintient ainsi au plus haut niveau génétique et cette prouesse mérite bien quelques explications.

L'installation de Philippe Bernigaud remonte à 1985. A cette époque, le jeune éleveur était associé à son père dont le départ à la retraite était imminent. C'est cette perspective qui a conduit Philippe à rechercher des solutions pour pouvoir travailler seul. Le jeune éleveur avait besoin « d'un troupeau rentable et facile à gérer ». Des vêlages faciles et un parc bâtiments adapté s'imposaient.

Tandis que le logement en stabulation se généralisait sur l'exploitation, Philippe s'est mis à développer, sur ses vaches, l'insémination artificielle. Cette évolution s'est aussi accompagnée d'un avancement des dates de vêlage sur septembre - novembre. Grâce aux semences issues de taureaux testés, l'éleveur a très vite pu améliorer les qualités d'élevage de ses animaux. Parmi les taureaux les plus marquants, Philippe cite Til, Vif et Icare.

Valeur laitière des mères

Aujourd'hui, que ce soit pour l'IVMAT, l'ISEVR, l'IVV ou le poids à 210 jours (1), le cheptel affiche des niveaux de performances remarquables. « Tous les index pris en compte dans le calcul des Sabots vont dans le même sens, celui de la rentabilité, et ce sont justement ces valeurs que j'essaie d'améliorer dans mon troupeau depuis des années », confie Philippe. Parmi les critères que l'éleveur travaille plus particulièrement, il y a la valeur laitière des mères (poids à 210 jours) : il est de 316 kg chez Philippe contre 268 kg de moyenne départementale. « C'est quelques chose que j'essaie de ne jamais détériorer : 1 kg de croissance produit uniquement au lait de la mère, c'est beaucoup plus rentable qu'avec des granulés, car c'est quand même l'herbe qui coûte le moins cher », explique Philippe. De fait, à l'EARL des Carrages du Haut, les broutards sont lâchés vers le 15 - 20 mars et ils ne reçoivent aucune complémentation jusqu'au sevrage.

Facilité de naissance

L'éleveur est également très attentif à la fertilité de ses animaux. « Je choisis systématiquement les animaux les plus fertiles. Grâce à ce choix, l'intervalle vêlage - vêlage moyen est de seulement 361 jours (20 jours de mieux que la moyenne raciale), cela en dépit d'un fort taux de renouvellement », précise Philippe. Cette bonne fertilité des mères, elle est évidemment liée à d'excellentes facilités de naissance. « Avec une sélection réfléchie et dirigée, on peut rendre la race tout aussi intéressante que certaines races rustiques très en vogue », estime l'éleveur. Aux Carrages du Haut, les vêlages se font pratiquement tous sans assistance et Philippe n'a à déplorer qu'une à deux césariennes par an.

Babys de 14 mois seulement

De gros efforts ont également été accomplis sur la valeur de l'ISEVR du troupeau (108,4 contre 101,3 de moyenne raciale). « Depuis vingt ans, je me suis beaucoup battu pour améliorer la croissance et l'indice de consommation de mes animaux. Ces données traduisent la capacité des animaux à transformer de la nourriture en kilos rapidement. A la clé, on réduit les périodes d'engraissement. Or, c'est ce que recherche le marché », explique Philippe. Ce dernier commercialise des babys à l'âge de 14 mois seulement et pesant 410 - 420 kg de carcasse. Ces animaux font des croissances de l'ordre de 1.600 à 1.700 g/jour depuis leur naissance.

La génétique amortit les crises

Actuellement, Philippe exploite 160 hectares avec l'aide d'un salarié une journée et demie par semaine. Le cheptel produit environ 90 veaux par an. Outre les babys, l'élevage engraisse des génisses de 30 mois ainsi que les vaches de réforme (poids de carcasse moyen 520 kg). Depuis plusieurs années, l'élevage fait l'objet d'une demande croissante en reproducteurs. Aujourd'hui, Philippe commercialise ainsi près du tiers de ses jeunes mâles. Ce succès est indiscutablement lié aux performances techniques du troupeau. Chaque année, l'unité de sélection Gène Diffusion recrute un ou deux veaux de l'élevage pour la station de contrôle individuelle. Détenant un niveau d'IVMAT moyen supérieur à 108 (l'IVMAT moyen de la race est à seulement 98,2), Philippe possède dans son cheptel une vingtaine de mères à taureaux ainsi que quelques donneuses d'embryons.

Grâce à la génétique, Philippe estime « être plus à l'aise face à la conjoncture ». L'élevage est en effet « moins dépendant des frais vétérinaires ainsi que des coûts alimentaires et avec des poids de carcasse plus élevés, le revenu est optimisé », conclut l'éleveur.

Signé : Marc Labille

(1) Les données prises en compte dans le calcul des Sabots - établi par Bovins croissance Bourgogne - sont l'index de valeur maternelle des femelles ou IVMAT, l'intervalle vêlage vêlage moyen ou IVV, le poids âge type à 210 jours corrigé ou PAT 210, l'index de croissance au sevrage des veaux ou ISEVR et le taux de collecte.



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